Surtout ne lâche rien et tiens toi tranquille
Tranquille, que la brise du temps se couche
Epuisée de courir février, mars, avril
Comme le son du carillon que l’on touche
Surtout ne tremble pas, comme si rien n’était
Ni les couleurs, ni les douleurs, ni la nuit,
Ni l’aube qui s’éclaire sur une peau de lait
Ces détails naissent et meurent sans un bruit
Surtout ne ris pas, on pourrait bien te voler
Les quelques possessions que tu chérissais tant
L’instant de tendresse qu’on ne peut voir passer
La folie d’un reflet, fièvre et sentiments
Surtout ne pense à rien, les riens se contemplent
Ces creux qui s’apaisent en se rongeant eux-mêmes
Autour d’eux se dresse un impassible temple
Qui protège l’entrée des choses que l’on aime
Surtout ne frémis pas à l’idée de pâlir
D’oublier qui tu es, triste transparence
D’une vie qui ignore les ailes du désir
Faisant son festin d’un morceau d’apparence
Surtout sois fort, tu n’as pas le droit de pleurer
Ne plisse pas les yeux si tu vois le Soleil
Ne dors pas, ne t’émeus pas, tu pourrais rêver
Et perdre ta superbe, n’être plus pareil
Surtout ne bouge pas, ce serait désastreux
Ne mange pas, ne bois pas, qui sait le poison
Qu’ont avalé stupides les autres malheureux ?
Sois sage, sois maudit dans ta blanche prison
… C’est bon, souffle, ressens, l’effort est inutile
Le vide a moins de sens qu’une série de tempêtes
Laisse ton cœur battre avant qu’il ne soit vil
Que le carillon chante comme mille trompettes
Jean Fusari
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