# JLL au Festival de Jazz
Le 13 juillet 2008 à Juan la pine.
12H14,
mon train part à 12h15, je suis à la bourre. Les train sont moins patients que
les impuissants mais plus rapides. Mon attaché-case à la main, je me faufile aussi expéditif qu'un doigt
d'honneur d'Emmanuelli à l'Assemblée. La tête sur un tourniquet, l'haleine
acide d'une rincette de trop la veille... il y a deux heures, j'avais toutes
mes chances de mon côté.
12h15
pile poil, je bouscule un clochard qui faisait la quête en grimpant dans le
premier wagon qui s'offre à moi. Quelle idée de faire la manche sur un quai de
gare me dis-je.
A peine
assis les portes se referment et le train démarre, me laissant tout juste le
temps d'entrevoir le majeur que m'adresse le clodo à travers la vitre et que je
lui rends de bon cœur.
Une
bonne journée qui commence me dis-je.
A
l'instant ou je commençais à savourer mon fauteuil de première classe une
grosse bonne femme de type aigrie ménopausée me montre son billet affirmant que
je suis à sa place. N'ayant aucune envie de me déloger et ayant l'habitude des
situations délicates, je suis le protocole journalistique à la règle et ne me
fais donc aucun souci de l'affaire en lui exhibant sous le nez ma carte de
presse, le charme pouvait agir.
Quinze
minutes plus tard je trouvais une place
miteuse en seconde.
La
profession en a pris un coup me dis-je.
Au
revoir Paris, et à moi Juan les pins, le Pam Pam, ses serveuses autochtones
refaites, ses mojitos, ses rhums bruns, ses travesties à si méprendre.
Mais le
travail avant tout, j'allais faire un papier sur le festival de jazz sauf que
moi le jazz j'en ai pas grand chose à carrer. La différence entre une trompette
et une clarinette ne m'était pas flagrante mais en bon professionnel que je
suis j'avais revu mes classiques histoire de pas passer pour un cave.
18H30
je descends. Mon rendez-vous est à 19h je m'autorise donc une petite escale au
Pam Pam en attendant. Stupéfaction amère en voyant qu'il est fermé. Contraint,
j'étanche un pastis dans un PMU merdique et perds quatre euros au rapido.
19h15,
et merde, à la bourre! Je fonce au festival j'avais un interview programmé avec
le grand B.B king. Sur place un type à la gueule aussi symétrique qu'un
portrait de Dali me dit que B.B est parti mais qu'il reste toujours Pierre Le
Ponse qui vient de finir ses balances.
Je
prend les devants, pas moyen de passer à coté du King, le vrai. Dans les loges
je croise enfin l'organisateur du festival, qui me donne la même version des
faits. Pas né de la dernière pluie et connaissant les ressorts de l'âme humaine
mieux que personne, je sors ma carte de presse d'une nonchalance travaillée et
attends que le charme opère.
Douze minutes plus tard j'interviewais
Pierre le Ponse soi-disant étoile montante du jazz ethnique français.
La
profession n'est plus ce qu'elle était me dis-je.
Désenchanté au plus haut point j'attaque avec une
question déstabilisante:
alors
Pierre Ponse est-ce que ca gratte?
J'essuie
un échec cuisant, j'essaye donc de repartir du bon pied en complimentant sa
belle clarinette.
C'est
une trompette me dit-il.
Merde!
L'entretient ne s'éternisa pas plus de dix minutes. Mon
train ne partait pas avant 23H je décidais donc de boire un dernier verre avant
de partir. Et comme toute journée merdique a son lot de compensation le Pam Pam
était ouvert. Dans l'euphorie d'un Brésil artificiel et éphémère je me noyais
dans le tourniquet des jupes sur deux pas de choro maladroite, et à deux heures
trente du matin je présentais ma carte de presse à une femme à la voix
excessivement grave et à la carrure particulièrement sportive, qui sous le
charme m'entraina dans un motel à la grâce incomprise des sous quartiers.
La
profession n'a peut être pas perdu toute sa splendeur me dis-je.
J.L.L
qui plotte B.B en écoutant le King.
JLL c'est le décodage poignant de l'actualité les jours qui veut
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