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05/04/2011

Mary Darling Mary Ann / par Arsène Harsar


I

Pantalon de survêtement doré
Et magazine sur ses genoux déposé
Qu’elle effeuille automatiquement
En attendant que passe le temps

Ce matin elle a reçu une carte postale/dépliante/blanche/flambant neuve, sur laquelle elle n’a trouvé qu’un timbre beige. N’y figurait pas de nom d’expéditeur, et d’ailleurs aucune case n’était prévue à cet effet. Il n’y avait qu’un message jaune, tracé à la main, d’une écriture si parfaite qu’elle n’est pas parvenue à la déchiffrer. Elle s’est contentée de soupirer, comme une flûte brisée.

II

Les pieds bien pris dans ses mocassins
Ses cheveux sont  longs / blonds / fins
Elle se promène à vélo
Et le soleil pénètre sa peau

Ce matin, vers sept heures, elle était déjà à demi debout. Elle a fait les cent pas dans le salon, bu un café, entamé deux paquets de céréales, pressé la moitié d’un citron, allumé puis éteint la télévision. Ensuite elle s’est lentement dirigé vers le bureau sur lequel elle a laissé la carte postale non-encore-ouverte. Elle l’a reniflé de son petit nez en trompette de jazz, puis agitée un peu pour en deviner le contenu. Mais une fois la carte dépliée, une panique terrifiante l’a effrayée et elle est restée là à sangloter, debout dans son salon qui grelotte.

III

La tête bien au sec dans son scaphandre
Elle a accepté de descendre
Là où la lumière à chaque minute devient plus rare
Quand on comprend que l’apparence des poissons est le fruit du hasard]

Au moment subtil et précis où le matin devient l’après-midi, elle a décidé d’ouvrir la carte dépliante. Elle a retenu son souffle comme le fait toujours celui qui passe d’un milieu à un autre, ou d’une planète à une autre, au cas où l’oxygène viendrait à manquer, une fois la carte dépliée. Voyant que la carte était vide, elle l’a mangée, délicatement ; elle l’a mâchée de ses petites dents qui sont aussi blanches que les touches d’un piano. Ensuite, elle a attendu.

C’est alors que :

1-Le passé simple et l’imparfait se hissent le long du plus que parfait pour rejoindre le passé composé et atteindre le présent, de là, ils retrouvent le futur proche et le futur à proprement parler puis ils font :

CCCCCCCCCCCCCCCCCCCCCCCCCCCCCCCCCCCCCCCCCCC
HHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH
UUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUU
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
TTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTT

2-L’intensité du chaud diminue et simultanément l’intensité du froid, si bien que le tiède n’a plus aucun sens.

3-Au même moment, elle assiste à l’abolition des notions de dehors et dedans. Si bien que sa maison est devenue le monde, et le monde sa maison.

4-Une goutte d’eau dans l’océan, ou tout l’océan dans une goutte d’eau : la même chose

5-Le devenir-chant de la littérature, ou le devenir-littéraire du chant : la même chose

6-Les innocents aux mains pleines, ou les coupables aux mains vides : la même chose

Dans  BIM
Ce  BAM
Silence  BOUM
Tonitruant  PANPANPANPAN

Tout
Est
Devenu
CHIFFRE scintillant...

Plus beau que le plus émouvant des couchers de soleils dans les îles désertes des rêves où l’on est amoureux

Il y a :

Des morphismes de monoïdes et des magmas associatifs unifères
Des polynômes à plusieurs indéterminées et des corps cyclotomiques
Des anneaux idéaux principaux et des groupes abéliens de type fini
Qui dansent sous ses yeux.

IV

Évanouie sur sa moquette bien épaisse
Le spectacle qui devant elle se dresse
Est déjà passé
Oublié.



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"Greetings from another world"
 Arsène Hasar IV





 

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