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31/03/2011

Retour à la matière/Arsène Hasar


Retour à la matière


"Le plus profond, c'est la peau"
(Paul Valéry)

I


Vous êtes des animaux

Vous êtes des animaux

Vous êtes des animaux

Vous êtes des animaux

Vous êtes des animaux

Vous êtes des animaux

Vous êtes des animaux

Vous êtes des animaux*

*Mr Oizo


II

La Société de Consommation produit ses propres beatniks. Des hommes qui tombent en émoi devant la nonchalance toute féminine d’une Mercedes Benz vue de trois-quarts comme le prophète Moïse devant le Buisson Ardent. Ils chantent la fascination que les objets exercent sur nous et la muette hébétude dans laquelle nous a plongé l’avènement de leur règne. Le rapport qu’on entretient avec les objets commence piano piano à déteindre sur le celui qu’on entretenait auparavant avec les concepts : les concepts sont appréhendés comme des CHOSES et non plus comme des IDÉES. A force de répétition, de reproduction, d’industrialisation, les concepts révèlent le pouvoir magique, mystique et transcendantal qui est le leur. Une fois crevée la peau du signifié, finit par jaillir tout un fourmillement d’évocations qui vont jusqu'en dessous du sens:


III


Je rêve de Biarritz en été

Je rêve de Biarritz en été

Je rêve de Biarritz en été

Je rêve de Biarritz en été

Je rêve de Biarritz en été

Je rêve de Biarritz en été

Je rêve de Biarritz en été

Je rêve de Biarritz en été*

*Sébastien Tellier


IV


Les concepts, une fois chargés d’implications prennent un poids et une densité supérieurs. Multipliés, voilà qu’ils se tiennent en cercle autour de nous pour mieux nous plonger dans la sollicitude de leurs grands yeux vides. On sent leur regard glisser sur nous comme un courant d’air froid dans la nuque… on est envahis par la multitude harcelante de ces corps qu'on ne savait pas être des corps. Comme ces corps sont inertes, on est éperdument seuls dans le foisonnement des corps( Paradoxe du paranoïaque : seul, et toujours sur le point d’être entouré). Désormais nous ne sommes que le totem autour duquel s’exécute leur valse aussi belle que mécanique, cette valse impériale qu’a cherché à évoquer Warhol avec ses Marylins. Sur la tombe de ce dernier chantons donc le règne des objets, qu’on presse comme des oranges dont on ignore si elles rendront du jus, du sang ou de l’eau ! Faisons-nous le chantre fasciné de l’hédonisme rompu et humilié,  du génie de la répétition et du nombre, de la beauté des i-phones et de la grâce virginale d’un Mac Book, de ce minuscule sublime que contiennent toujours les séries et les grandes échelles lorsqu’elles se tiennent là sous nos yeux. Savourons un peu mieux le cristal dont est toujours faite l’ossature dénudée d’une pure structure, quand s’entrecroisent les lignes muettes de mots éteints à jamais, abandonnés par leur signification initiale et presque aussitôt ressuscités par la poésie qui déborde de leur terrifiant tréfonds de chose.


V


The youth is starting to change, are you?

The youth is starting to change, are you?

The youth is starting to change, are you?

The youth is starting to change, are you?

The youth is starting to change, are you?

The youth is starting to change, are you?

The youth is starting to change, are you?

The youth is starting to change, are you?*

*MGMT



Arsène Hasar
112th, South Ocean BLD
E L E C T R I C   L A D Y L A N D







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