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11/05/2011

Ascenseur de CHINE / Targa Kolikov


L’idée qu’il existait un homme le plus grand du monde et un homme le plus petit du monde, qu’ils pouvaient tout à fait être une femme du moment que c’était du monde, me laissait un sentiment mélangé d’héroïsme et de moulure, moi l’homme moyen. Je n’étais pas cadre.


Une journée d’où le soleil pleuvait son énergie cancérigène et autour, sur les boulevards, dans les rues, on s’affolait on courait alors que dans l’incapacité d’aller plus vite qu’un train indien, mon corps rejetait d’énormes gaz dus au pecorino présent dans toutes les pâtes au pesto de moyenne qualité avalées la veille, à sa volonté de participer au changement climatique, et pour se dire que même à Tokyo, il ne sera jamais interdit de péter dans les lieux publics. Sinon ça deviendrait très dangereux.


Les asiatiques jusqu’à 30 ans j’ai l’impression qu’ils sont enfants puis ensuite, d’un seul coup, ils se retrouvent à en avoir 60 sur la gueule, l’âge ne fait pas tout, il y a aussi l’acceptation du pont je grandis mais maintenant je vieillis. J’arrive à cette tour géante, pleine de lumière, ça puait le consumérisme à plein nez, on se demande bien comment ça finira dans un siècle cette fuite constante en avant. L’économie de marché et le temps ce sont des grands enfants, mais des enfants uniques, et ça change tout.


J’aperçois justement une de ces magnifiques nippones, les lignes extérieures ne pouvaient que cacher encore des mystères bien plus profonds, de ceux qui vous cuisinent de l’intérieur et vous retournent. Un trésor habillé en rose, les japonaises adorent le rose. Elle avait 15 ans comme elle en avait 30, je vous le dis, peu de différence visuelle, je savais juste ce que ça me faisait  dans la tête, sur la bite et dans les jambes.


Un clin d’œil, je lui fais un clin d’œil, si j’avais eu la possibilité d’en faire un deuxième je n’aurais pas hésité longtemps, sauf que mes yeux restèrent collés, un défaut de famille, et qu’il fallait généralement une à deux minutes pour que je puisse à nouveau les ouvrir. Pour le moment, je ne voyais que dalle et je continuais à m’avancer vers cette femme, tâtonnant l’air, en me disant que si j’étais assez rapide je prendrai l’ascenseur avec elle et alors là, sans aucune arrogance, je crois qu’elle découvrira des choses tout à fait fascinantes. Si seulement la vue ne tardait pas à revenir cela me dépannerait.


Douce, aussi douce que la main d’ElinorSmith, me prit la mienne et me porta dans l’ascenseur, heureux comme les judas dans leurs premiers instants, je voulais sucer ses sushis sur ses seins. Faire un peu d’aller-retour longs et circulaires, comme ça, pendant toute une génération. Excité c’était le mot juste pour définir la situation tendue de l’ascenseur.


Mes yeux reprirent connaissance et j’eus la chance, mes amis, de tenir la main à l’homme le plus petit du monde, il m’arrivait aux hanches, en smoking impeccablement étiré, ce n’était pas un nain, simplement un homme petit et non japonais qui parlait dans un grand téléphone.  Je te reconnais qu’il me dit, ma compagne a lu ton livre – Le monde est petit mon ami, le monde est petit. Et même si ce n'était pas le plus petit je me le disais car il fallait bien mettre des certitudes sur ses journées.


Et il me souriait sans raison et voulait je ne sais quoi, je lui souriais aussi, alors on souriait tous les deux contents que l’autre sourit et ainsi de suite, l'un devant l'autre, sur vingt étages. Il descendit au 41, et pendant un moment de réflexion intense, j’imaginais cet homme petit habillé en rose et alors je lui faisais des clins d’œil à l’infini sans que mes yeux ne se bloquent. Jamais. Et moi je deviendrai femme.


Mrs T.Kolikov 



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