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27/04/2011

P A N D A - par Arsène Hasar




“Never say no to Panda”
The Panda


I.

Les instructions que nous avions suivies nous menèrent au milieu d’un champ en jachère. On était fin Mai : mettre le nez dehors était déjà un plaisir en soi, et vers sept heures et quart très précisément, la configuration formée par :

(1) l’imperceptible souffle tiède
(2) la couleur rose du ciel
(3) l’odeur quasi hormonale de la sève qui coulait dans les branchages

…cette configuration prenait toujours une tournure très émouvante pour moi, et pour nous tous. 
Le champ près duquel je me garai avait beau se trouver au milieu exact du continent, et donc à des milliers de kilomètres de chacune des 7 Côtes, il semblait pourtant que la mer n’était qu’un peu au-delà de l’horizon, à quelques mètres, derrières les limites de notre champ de perception visuel ; le littoral était imminent.

II.

En sortant de la voiture, j’entendis mieux la musique assourdie par la distance et les voix. Il devait y avoir une centaine de personnes, et le murmure de ce nombre ornementait la musique de joaillerie, paroles de perles et silences de cristal.
Ce soir-là, je m’en rendis compte, peu à peu, il n’y avait que des gens exceptionnellement exceptionnels. Tout se déroula donc parfaitement, selon les lois de la plus simple fluidité : des conversations somptueuses auxquelles je suis navré que vous n’ayez pas pu assister, je percevais des bribes, où plutôt des éclats. On aurait dit que les autres invités, affranchis des conventions qui sont à la fois le déclencheur, le support et la plaie des conversations sociales, pouvaient désormais lire dans les pensées des autres. Je n’entendis que des confidences – non pas des confessions de tête à tête, un peu vaseuses – non, c’étaient toujours des confidences dont personne ne pensait à rougir, ce genre de confidences qu’on peut prononcer devant une foule, et qui sont peut-être même le meilleur moyen de conquérir cette foule.
Intellectuellement, c’était soutenu, presque ésotérique. Car les arguments ne s’enchaînaient pas selon le bon vouloir des structures logiques, mais selon les plus strictes nécessités poétiques. On ne parlait  pas d’essence, ni d’objets. On ne parlait que de percepts (des gens exceptionnels, je vous le jure) :

Un type extraordinairement grand, barbu, qui portait des lunettes sombres et un maillot de bain jaune, à une femme d’une soixantaine d’années, en tailleur, digne et bienveillante :

« L’artiste utilise le vice comme un ascète plus que comme un sensuel.
Il s’en sert, car fonctionnant par cycles, il doit pouvoir recouvrir ses plaisirs et déplaisirs d’un contrôle total.
Il ne s’oublie jamais vraiment dans le vice. Il s’ajuste simplement. »

Un gangsta rappeur noir comme la nuit, à un boucher Munichois, rouge comme du jambon :

« Précocité : fiction collective.
Comme s’il y avait en soi un temps pour tout, gros »

Une petite fille qui prenait des photos tout le temps, à un agent de police ukrainien :

« Je dis que j’ai besoin d’égoïsme, mais ça revient à dire que je suis dans une phase d’intense virtualité : or le problème avec la virtualité, c’est justement qu’on s’y trouve toujours seul. Mieux : il n’y a que seul qu’on puisse se rendre dans la virtualité. Philosophe seuls devant leurs concepts, artiste seuls devant leurs percepts. Et vous, monsieur l’agent ? »

Il y avait aussi un Christ de chewing-gums mâchés, qui pavanait devant une innocente bourgeoise d’une cinquantaine d’année, parce qu’elle lui rappelait sa mère :

«Quand j’imagine une scène filmée, dans laquelle la lumière est stroboscopique, et que j’essaie de concevoir ce que cela donnerait si la scène stroboscopique passait au ralenti (stroboscope + ralenti = ?), alors je me rends bien compte que l’entendement humain a des limites, et je vous pardonne tous de bon cœur, pour tout ce que vous m’avez fait, depuis que Papa vous a imaginés. »

III.

On nous avait distribué des lunettes qui permettaient de voir dans la nuit, et nous les portions tous, même si

J’arrête d’écrire parce qu’un PANDA s’est introduit dans mon bureau, et qu’il me regarde fixement, à l’instant précis où je vous parle, ou plutôt où je vous écris je fais semblant de ne pas le voir ne le regarde pas sinon il verra que j’ai les jetons Merde je l’ai regarjkqqqqqqqq




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Arsène Hasar
« J’ai oublié les années pub »






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