La vie d'un homme peut se résumer à peu de choses, notamment en face du travail accompli. Henry était l'un de ceux qui attribuait une couleur aux circonstances et lorsqu'on lui manifestait une certaine reconnaissance quant à l'accomplissement de certaines missions, il se donnait du rouge et buvait à l'honneur de la magie du monde ses bouteilles de San Giovese. Face contre terre, ses fesses tournées vers le ciel.
La sécurité des mots et du code vestimentaire du philosophe avait récréé en lui cette petite teinte de l'enfance qu'on pourrait appeler la Surprise mais qu'Henry, dans son positif plutôt naturel et marin, appelait les emmerdes. Une heure et une bouteille, le temps pouvant s'écouler en litre, eurent raison de l'attaché-case. Il y trouva des photos de souris mortes pour la science, des maracas et un mystérieux manuscrit d'Arsène Hasar coécrit par ses deux mains, 2084 ou la naissance du passé. Caché dans le creux des pages, on n'oserait jamais dire si c'est par erreur ou complicité de ses amis, qu'il trouva un drôle de cube blanc s’émiettant au premier contact de ses doigts. L'odeur qui s'en dégageait lui rappelait ses désirs de sexe lorsque, enfant, sa tante étendait le linge en culotte comme pour dire aux cigarettes qui se perdent qu'un cancer peut se vivre avec classe. En l'absence de style la vie devient un étrange tracteur sur autoroute. Il lécha, mordit par à-coups et avala cette poudre qui ressemblait étrangement à une porte donnant vue sur l'univers. On ne pourra jamais vraiment savoir si c'est la faute du vin, de la poudre, des deux à la fois ou du contexte particulier de sa journée mais le cœur d'Henry s’accéléra, ses mots devinrent cryptés et il s'envola au-dessus de la stratosphère.
Le monde était silence, la terre était belle. Il pensait à madrid comme au mali, tous petits, les mains d'un enfant et ses urines océaniques. Bercé par ses réflexions, Henry oublia de voir qu'une soucoupe volante, d'un rayon de 1,3 méga Oxytum, aux gyrophares des camions de pompiers new yorkais, s'approcha de lui, rayonnante d'amour.
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Nous étions en plein langage universel et Henry se sentait enfin débarrassé de ses vêtements, d'un manteau trop lourd qui pesait sur sa vie, le poids des choses et des circonstances se gommait pour laisser place, pour une fois, au véritable sens léger d'une existence alcoolique et apolitique. Presque humaine au final, un véritable retour aux sources. Le vaisseau, en effaçant les distances qui les séparaient, se métamorphosa doucement en un sexe féminin aux odeurs éclatantes d'envies, sexe qui battait au rythme des étoiles déjà mortes mais encore là. Henry y introduisit toute sa joie et ses vieux rêves, on aurait dit un enfant dans la chatte de sa mère.
Le coït ne tarda pas à troubler cette relation d'union et de mouvements et tandis que le vaisseau repartait doucement vers des coins repliés d'une nappe infinie, Henry se retrouva dans son lit en sueur et vidé de ses sens.
Quelqu'un avait même rempli son verre, changeant de surcroît l'eau en vin, Henry pour l'une des premières fois de sa vie, étendit ses bras et pensa sincèrement
Mamma mia, quelle bonne journée !
Alors que l'impact de cette phrase résonnait encore aux oreilles de ses meubles d'un goût plus que contestataire, le sperme de notre héros voyageait désormais dans l'espace.
Targa Kolikov
Retrouvez Henry Geache dimanche prochain
Redécouvrez les anciens épisodes
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