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10/04/2011

Henry Geache - L'affaire [Ep.3] / Targa Kolikov



Pris par la terreur de ces ombres à marin, Henry voyait sur la paroi de son mur la saleté de son existence. On en était bien là, vingt-et-unième ou vingt-deuxième siècle, couscous et branlette, tout cela n’avait plus son importance.
Le seul truc qui comptait pour l’heure c’était sa migraine, ponctuelle ritournelle, et ce fantôme qui gonflait les plis de ses draps. Qui était-ce ? Avec qui avait bien pu dormir Henry pour avoir des courbatures d’un genre nouveau ? D’innocents mangeurs d’âme répondraient Jean Fusari, comme ça, pour le coup d’œil des grands éclats et lorsque ces derniers font mouche, on gagne de l’argent, ça s’appelle un scoop.
 
Non, ce n’était ni Jean, ni son ex-femme. Terrible le corps entièrement nu ressemblant étrangement à un débarqué de Lampedusa comme ces soldats américains de l’époque. Henry ne votait jamais cette fois-ci il aurait dû. Il aurait voté contre la guerre et oui à la reconnaissance civile des animaux domestiques pour qu’on lui foute la paix, il y avait les problèmes de la terre entière et les siens et ça commençait à faire beaucoup de chose à régler. Henry sortit. Il aurait bien voulu connaître qui se trouvait, respirant fort, dans son lit mais ayant bien compris le principe d’un feuilleton, il savait qu’il le découvrirait dans un autre épisode. Non, là il devait remettre un peu en place les fils de son cerveau et reprendre la route des saumons. 
 
Les rues vomissaient ces belles choses qu’on appelle la foule et Henry, que ce soit par alcool trop lourd, ou tout simplement parce qu’il vivait plus haut que l’odeur de la merde, avait bien du mal à se frayer un passage. La rue était noire de sens.
« Allo, c’est moi » Henry se trouvait désormais accroché au combiné d’un téléphone public.

« Tu es en retard » dit l’autre.

« Va te faire foutre » Henry ne laissait plus de place aux paroles chirurgicales dans ces moments-là, la vie avait encore voulu le faire chier avec un de ces nombreux matins où même rester au lit ne réglerait pas grand-chose, il ne voyait pas pourquoi il devrait s’obliger à mettre des gants.

« Nous avons un problème Henry, tout ça n’est pas très clair. On pourrait même dire que ça pue. Des cigares disparus, volatilisés, des religieux, il y a urgence. » dit l’autre.

« … »  répondit notre héros avec justesse.

« C’est peut-être le coup de forces qui nous échappe, continuons à agir en secret, le téléphone n’est jamais sûr, n’évoquons pas nos noms. On se retrouve au boulevard, au 103 »

« Écoute-moi John, tu n’aurais pas par hasard des nouvelles de ma femme ? »

La ligne fut coupée à l’instant même, intrigué, Henry décida de s’engouffrer dans ce tunnel que des anciens vétérans de la torture appelaient une sacrée affaire. Tous avaient rêvé un jour ou l’autre d’une affaire, d’une véritable, une qui sauve des vies et en particulier la sienne, de l’ennui et des autres. Une affaire personnelle cela ressemble à un programme, à une existence. Pour la faire courte, une affaire dans l’emploi du temps d’Henry Geache c’était comme colorier les cadavres. L’enquête commençait et afin de ne pas perdre une minute, Henry décida d’aller manger et de se faire une sieste.


Targa Kolikov 

Retrouvez Henry Geache dimanche prochain 

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